Revue de presse

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DailyNord

Un article sur Les Saprophytes, urbanisme vivant, d’Amandine Dhée sur DailyNord le 17 juillet 2018. (lien)

Si la couverture vert citronné tirant sur le jaune fluo et la jaquette à déplier où l’on découvre la Carte des territoires optimistes vous interpellent, c’est que ce livre est fait pour vous.Il est en tout cas fait pour tous ceux qui s’interrogent sur notre manière de penser et d’habiter la ville.

« Expérimentons, produisons, recyclons, partageons » est la devise de ce collectif d’architectes, de paysagistes, d’artistes et d’urbanistes né à Roubaix en 2007 et convaincu que l’architecture est un acte politique. Ces humanistes terriens quelque peu utopistes se sont engagés depuis plus de dix ans dans une réflexion sur la place de l’homme dans l’espace public avec à la clé des actions d’agriculture urbaine et des ateliers de toute sorte pour ouvrir l’imaginaire des habitants et les responsabiliser.

Pour fêter leur anniversaire, ils avaient envie de faire le point et de partager leur expérience. C’est maintenant chose faite grâce au livre d’entretiens avec Amandine Dhée, une auteure fidèle de La Contre Allée – un éditeur qui fête ses dix ans cette année et où elle a publié plusieurs livres. Cet ouvrage totalement hybride mêle avec bonheur dessins, croquis, photographies et textes. C’est le style de son auteur où l’humour à fleur de page irrigue tout le texte qui en fait tout le sel. Le thème du premier chapitre était tout trouvé, il fallait parler des champignons, puisque le mot « saprophyte » adopté par le Collectif désigne un organisme du genre champignon qui tire « les substances qui lui sont nécessaires des matières organiques en décomposition ». Et si nous prenions conscience de notre place dans le système urbain, de nos besoins et de ce que nous pouvons faire à notre échelle pour recréer un écosystème où nous serions heureux en ville ?

Françoise OBJOIS

Les Saprophytes, urbanisme vivant

Amandine Dhée

Éditions La Contre Allée

Novembre 2017

72 pages – 15€

Article paru dans le n°26 de la revue Eulalie, publié par l’Agence régionale du Livre et de la Lecture Hauts-de-France.

Eulalie

Eulalie

Les Saprophytes, urbanisme vivant d’Amandine Dhée, par Françoise Objois pour Eulalie, Actualités des lettres et du livre en région Hauts-de-France, n°26, mai 2018.

A retrouver ici.

Le courrier de l’architecte

Le courrier de l’architecte, article du 11/04/2018
Livre – Les Saprophytes, collectif d’architectes, de paysagistes et de constructeurs

Dans l’air du temps ? Peut-être. Les Saprophytes, à travers la publication récente aux éditions de La Contre-Allée* d’un ouvrage célébrant leur dixième anniversaire, retracent leur parcours à coup de bons mots : collectif, participation, permaculture… sauf que les Saprophytes ne sont pas donneurs de leçons ; ils partagent en toute sincérité leurs expériences, «sans point final» ni «point moral».

Les Saprophytes sont des champignons. Des gens mignons ? Des architectes, des paysagistes et des constructeurs… «des terriens engagés». Ils citent Patrick Bouchain, Hassan Fathy mais aussi Mafalda. Leur ambition ? Contrer l’approche «sécuritaire et spéculative» de la ville pour «inventer une autre manière de fabriquer l’espace urbain».

Hélène Beelkens, Claire Bonnet, Pascaline Boyron, Melia Delplanque, Damien Grava, Violaine Mussault et Véronique Skorupinski se sont ainsi réunis, à Roubaix, pour «partager une utopie de l’espace public».

L’aventure dure maintenant depuis dix ans. Pour marquer ce chiffre rond, tous ont décidé de livrer à Amandine Dhée – l’auteur de l’ouvrage – leurs «errances»… car leur initiative relève davantage d’une recherche que d’une évidence. Leur symbole? Le saprophyte, un champignon dont «le fonctionnement en rhizome est à l’image de ce que défend le collectif. Une pensée organique, jamais finie, qui se déploie, crée des liens d’interdépendance, dont chaque étape nourrit la suivante».

«Nous, ce qu’on fait, ce n’est ni de l’architecture, ni de l’art, ni de la science. On est comme une troupe de cirque, on fait beaucoup de choses différentes. On expérimente de nouveaux modes de conception et de construction collectives. Dans le milieu de l’art contemporain, on nous appelle des ‘neo-forains’», affirme Melia Delplanque.

Pour autant, le collectif reste méfiant à l’égard du spectacle : «Il y a ces grosses machines qui fabriquent de l’espace public à coups d’événementiel. On y a participé un temps, mais maintenant je suis contre», poursuit-elle. Les Saprophytes ne veulent pas être instrumentalisés et, encore moins, relever d’un «marketing territorial».

Les collectifs servent trop souvent, à leurs yeux, de «caution sociale, de cerise sur le gâteau d’un plan d’urbanisme bien ficelé. Jamais les Saprophytes n’ont été autant sollicités. La co-réalisation, la co-construction, les co-habitants, co-truc et co-machin sont dans l’air du temps. On brandit à tout-va les mots magiques : concertation, développement durable, citoyenneté. Mais les commanditaires sont-ils prêts à assumer un réel changement de gouvernance», disent-ils.

Il y a donc les commanditaires à éduquer mais aussi un public à écouter ; «les gens prennent soin d’eux-mêmes» en venant participer aux initiatives organisées par les Saprophytes et les réunions publiques sont aussi, parfois, «la foire aux jérémiades».

L’architecture n’en demeure pas moins un acte politique. Pour les Saprophytes, «ce n’est pas la forme finale qui importe le plus, mais la façon dont on y arrive, le processus».

«Ce qui nous différencie de la plupart de nos confrères, c’est qu’avant le chantier, on dessine le minimum. On se garde des espaces de liberté, le droit de modifier en fonction de nos rencontres. Le chantier devrait être une fête, un spectacle», explique Damien Grava architecte autant qu’ «anarchitecte».

De fait, il développe avec les Saprophytes, la Fabrique d’Architecture(s) Bricolée(s) car «la norme coûte cher». Idéaliste, le collectif est aussi réaliste : «l’avantage de l’auto-construction n’est pas financier, les études ont montré que ça coûtait aussi cher, il est social», poursuit Damien Grava.

La question financière n’est ainsi jamais éludée. «Jusqu’où peut-on flirter avec le capital ?», s’interrogent les Saprophytes. Leurs initiatives ont elles-mêmes un coût. Claire Bonnet évoque «le climat tendu» à Henin-Beaumont où le collectif avait en 2013, à la veille des élections municipales, été vilipendé.

«La troisième année de notre présence, un gars a balancé sur Facebook le coût de notre projet en disant que c’était dégueulasse qu’on ait autant d’argent pour faire ça. On a senti que ça avait eu un impact. Les gens ne nous en parlaient pas, mais c’était présent […]. Les gens ne pensaient pas qu’on était payés, ils ont trouvé ça bizarre», se souvient-elle.

Les Saprophytes font ainsi état des difficultés qu’ils rencontrent parfois. «L’envie de faire participer les gens n’est pas juste une formule. Il faut vraiment avoir envie de faire bouger les lignes. Il faut que les gens soient prêts. Il y a des moments où ça sonne faux, et on s’épuise», reconnaît Véronique Skorupinski.

Cette honnêteté teintée de franchise est particulièrement séduisante. Elle donne en tout cas du crédit à un ouvrage qui ne s’encombre d’aucun éloge et dont les pages ne présentent pas ce détestable vernis moralisateur. Il retrace fidèlement le parcours de quelques personnes qui, en toute simplicité, tentent de «faire»… pour, sans doute, que Saprophytes à tous !

Jean-Philippe Hugron

*Les Saprophytes, auteur : Amandie Dhée, éditeur : La Contre Allée, pages : 196 ; prix : 15 euros

Pour lire l’article directement sur le site et avoir les illustrations, c’est par ici.

Esprit

Esprit

Les Saprophytes. Urbanisme vivant

Entretien avec Amandine Dhée

Un collectif de jeunes architectes, paysagistes et designers, les Saprophytes (du nom d’un végétal, un champignon en particulier, qui s’alimente d’organismes en décomposition), après dix ans de pratiques, demande à Amandine Dhée, qui a également publié La femme brouillon (La Contre-Allée, 2017), de recueillir leurs impressions et d’exposer leurs convictions, doutes et rêves. Ces professionnels constituent un « collectif, horizontal, qui fusionne » leurs compétences et « s’ouvre aux citoyens ». Faire avec peu mais bien, faire avec les gens sans brader son propre savoir-faire, avancer à plusieurs sans se perdre dans un anonymat flou, en somme, s’enrichir de pratiques en enrichissant celles d’autrui, voilà le credo de ce collectif actif et réactif. Appeler dans des cas « difficiles » (lieux détruits par la désindustrialisation, habitations déglinguées par la pauvreté chronique, équipements de guingois, terrains vagues à transformer en jardins, espaces publics délaissés, etc.), Les Saprophytes écoutent, s’installent sur place, proposent, réalisent avec celles et ceux qui veulent visser, clouer, agencer, découper, construire… Le chantier s’improvise, les idées circulent, les actions s’entrechoquent, les propos s’opposent parfois, le banquet et la fête réconcilient, la vie poursuit cahin-caha son chemin. Ce n’est pas le bilan d’une expérience, juste des intuitions et des désirs, des possibles et des difficultés : « Ici, pas de point final, pas de point moral. » Chaque membre du collectif avance à son rythme et « mature ». Aucune prétention, mais une vision organique des choses, des lieux et des gens. Le glossaire imagé retient « animal » (« pond des œufs, broute la pelouse, crée du lien »), « immersion » (« s’immerger pour nourrir l’urbanisme en (éco)système ») ou encore « urbanisme concret » (« penser par le faire, avancer pas à pas en testant les idées qui émergent du groupe, mettre les projets à l’épreuve du site et d’usagers, les territoires se construisent dans le temps, au gré des expériences collectives »). Nous voilà rassurés, la technocratie new-look n’est pas totalement hégémonique.

Thierry Paquot

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